Début décembre 2017, tu as été nommé sélectionneur de l’équipe de la Martinique de football. Qu’est-ce que cela représente pour toi avant tout ?

« Avant tout, c’est une fierté d’être sélectionneur ! Je crois que tout entraîneur est content d’entraîner ce qui se fait de mieux dans notre football local. Après, j’endosse aussi la responsabilité de cette mission qui m’est confiée. » 

 

Pour beaucoup de personnes et pour Fabrice Reuperné notamment, tu es un entraîneur de qualité, et on sent que tu maîtrises ton sujet… Qu’est-ce que tu comptes transmettre en général aux joueurs que tu sélectionnes et que tu sélectionneras?

« Ce que je peux leur transmettre c’est déjà les valeurs que moi j’essaye de véhiculer : Le respect. La rigueur dans toutes les choses. La fierté de défendre une île et on dira même un pays j’ai envie de dire. Ce sont des choses auxquelles je m’attèle tous les jours. Forcément quand j’ai une équipe et des joueurs… Et en plus quand j’ai la responsabilité de l’équipe nationale… Véhiculer les notions de fierté, d’unité, de rigueur et de respect est important. Donc voilà un peu ce qui me caractérise dans mon fonctionnement de tous les jours. »

 

Pourquoi avoir choisi Fabrice Reuperné comme sélectionneur adjoint ? D’après toi, qu’est-ce qu’il apporte ?

« Fabrice Reuperné est un jeune entraîneur. Il a connu le monde professionnel en tant que joueur. Je crois qu’il faut voir les choses de façon globale. On est amené à utiliser des joueurs professionnels à un moment donné dans notre fonctionnement. Je crois que je n’ai pas connu ce monde-là. Donc, il me permettra justement de travailler en connaissance de cause sur l’aspect professionnel. Je connais aussi son aura dans le vestiaire. Son patriotisme. Mais aussi toutes ses qualités car je pense qu’à terme ce sera un très bon coach. Je crois que c’est un peu dans mon fonctionnement de tous les jours. Ça fait bizarre de le dire mais demain ce sont ces entraîneurs qui auront peut-être la responsabilité de la sélection de la Martinique. Donc je crois que ça va avec ma philosophie, c’est-à-dire toujours former. »  

 

20180313_235108

 

On sait tous que l’objectif de la sélection de la Martinique est de se qualifier à la Gold Cup 2019… Déjà contre Trinidad, comment as-tu trouvé ton groupe ? Comment juges-tu, toi, la prestation de ton équipe ?

« Il faut quand même contextualiser le match de Trinidad. Ce match était particulier parce que c’était notre première en Martinique. Quand on fait une première, je crois qu’on se doit d’être discipliné d’abord. D’être rigoureux pour mettre en place ce que l’on va chercher… Donc c’est pour ça que dans ce match on a moins mis de folie. Mais, je crois aussi que c’est cette rigueur-là qui fera qu’on pourra atteindre le haut niveau et éventuellement une qualification pour la Gold Cup.  Justement, dans ces grandes compétitions, le haut niveau c’est la rigueur. Donc je crois que la prestation de Trinidad montre déjà qu’il y a un groupe qui est capable d’écouter les consignes contre une adversité qui est censée être supérieure. Je crois que ça ce sont des bases pour faire avancer les choses. »   

 

Contre Trinidad, on a vu qu’il y avait une majorité de joueurs amateurs locaux : Des habitués et des nouveaux… Quels sont les joueurs qui t’ont tapé dans l’œil ?

« Pour connaître un peu ma philosophie, je ne suis pas un entraîneur qui aime tirer du lot les individualités dans un collectif. Je suis beaucoup plus le collectif. Maintenant, c’est vrai qu’on a apporté une petite touche à l’équipe qui était déjà là. Avec le travail intéressant qui a été fait par le staff de Jean-Marc Civault, je vais dans sa continuité. Donc c’est pour cela qu’on retrouve des joueurs qui sont habitués à venir en sélection. On ne part pas de rien non plus. On part quand même d’une base de travail. Mais, j’ai rajouté quelques nouveaux jeunes qui jouent aussi dans notre championnat. On a pu voir par exemple : Andy Marny, Joan Franciette, Thierry Catherine, Romario Barthelery… Ce sont des jeunes ! C’était eux les attractions parce que ce sont des joueurs qui ne sont pas connus de tout le monde. Ceux qui suivent le championnat tous les jours les connaissent. Mais si j’ai quelque chose à tirer c’est ce beau collectif qu’on a vu sur les 90 minutes. »   

 

Contre les îles Vierges, Porto Rico, Antigua, et la Guadeloupe, en Ligue des Nations, comment la sélection de la Martinique devra être ? Aujourd’hui qu’est-ce qu’il faut améliorer sur le terrain ?

« Aujourd’hui, ce qu’il faut améliorer c’est notre capacité à poser notre jeu. Autant on peut mettre en place une équipe défensive en moins de temps autant offensivement c’est un travail plus long compte tenu du fait en plus que c’est une sélection. On n’a pas les joueurs tout le temps. Donc je crois que ce sera l’un des aspects sur lesquels il faudra vraiment travailler au maximum pour vraiment imposer notre jeu aux différentes équipes que l’on rencontrera. »

20180407_000039

 

Il n’y a pas eu de joueurs professionnels pour le premier match amical de l’année 2018… Sera-t-il possible de voir évoluer un jour des joueurs de Ligue 1 en sélection ?

« Je crois que le but qu’on s’est fixé avec Frédérique Piquionne c’est ça. Aujourd’hui, il faut essayer d’appeler des joueurs de Ligue 1, et de Ligue 2. Il faut appeler aussi des joueurs qui ont ce respect et cette reconnaissance pour la Martinique. Je pense que cela est important. Pour notre première, il est vrai que c’était un peu compliqué mais il y a un contexte aussi pour faire venir les joueurs. Mais avec Frédérique on s’est déjà eu entre temps pour qu’on puisse justement ajuster tout ça. Mais l’essentiel est que sur les phases compétitives, on ait justement ces joueurs-là à un moment donné. Les choses vont se mettre en place. Frédérique tout comme moi, essaye de mettre des choses en place. Donc, il faut nous donner du temps pour travailler et trouver de bons contacts et les bonnes astuces pour qu’on récupère les joueurs pros. »  

 

Enfin, quel message peux-tu envoyer aux supporters des Matinino pour les matchs à venir ? 

« Ce que je dis et je le dis depuis le début est que la sélection de la Martinique de Football n’est pas la sélection du football. Ce n’est pas la sélection de Mario Bocaly ou du staff en place… C’est la sélection des Martiniquais! Ce que je leur dis c’est de venir donner la force à ces jeunes qui sont sur le terrain. Ces jeunes qui ont envie de bien faire mais qui trop souvent à domicile sont restés figés parce que la pression était importante. Là, je demande seulement au public de venir pour libérer ces gamins qui ont beaucoup de qualité, pour qu’ils mettent de la folie dans le jeu parce qu’ils auront ainsi ressenti que le public les porte et non que ce public soit à ce moment-là un frein. Le public doit être plus un élément porteur qu’un élément inhibiteur. »