Suite à l’arrêt des compétitions de football en Martinique, la plupart des clubs connaissent des difficultés économiques dues à la fermeture des billetteries et à l’absence des buvettes. Par ailleurs, certains dirigeants sont désormais préoccupés par la compétitivité du football local.

Face à la recrudescence du nombre de cas de coronavirus, le préfet de la Martinique avait annoncé le mardi 30 mars de nouvelles mesures de restriction pour endiguer l’épidémie. En plus de la prolongation du couvre-feu (de 19 heures à 5 heures), de la fermeture des théâtres, cinémas et salles de spectacles, Stanislas Cazelles a décidé d’arrêter également les compétitions et les activités liées à la pratique du football pour 3 semaines : du 1er au 19 avril. Une ainsi bien triste nouvelle pour le football martiniquais qui venait tout juste de terminer la première phase du championnat de Régional 1.

Déjà des problèmes financiers

Un premier arrêt en mars 2020, un second d’un mois en novembre dernier et puis cette coupure momentanée d’avril… le football en Martinique ne vit décidément pas une période facile et dans bien des clubs, il y a déjà des problèmes financiers. « On ne vend plus. On n’a plus de buvette. On n’a plus de billetterie. Alors qu’à chaque match tu arrivais à faire 200 à 300 euros de vente minimum, aujourd’hui tu n’as plus cet argent qui rentre. Cela permettait d’acheter des crampons, de payer du matériel, payer certains coachs…C’est dur pour des associations qui sont dans le bénévolat », nous a assuré Hugues Parsemain, président de l’Aiglon du Lamentin. Même son de cloche au Club Franciscain, une association sportive qui compte pourtant plus de 100 00 euros de budget. A chaque match, le club pouvait faire rentrer entre 600 et 700 euros dans les caisses. Ce manque à gagner est cruel pour l’ogre du football martiniquais. En septembre dernier, la Ligue de Football a versé près de 400 000 euros à ses clubs affiliés pour traverser la crise économique. Au François et comme dans la plupart des autres clubs de l’île, les dirigeants attendent un autre geste financier. Pourquoi pas de la part de la Fédération Française de Football en participant à la relance de l’économie du football martiniquais. Une opportunité qui pourrait réduire soit-dit en passant les écarts entre le monde du ballon rond ultramarin et métropolitain…

Une véritable sentence sportive

La décision préfectorale d’arrêter brutalement le football n’a vraiment pas été appréciée par certains dirigeants en Martinique. « Au lieu d’interdire totalement la pratique, ils auraient pu nous faire jouer à huis clos », a indiqué Georges Duquesnay, 1er vice-président de la Ligue de Football, à Martinique La1ère. Pour Éric Littorié, cette nouvelle interruption est aussi une véritable sentence sportive. Déjà agacé par le manque à gagner de son équipe, le président du Club Franciscain aurait préféré également opter pour la solution des matchs à huis clos afin que ses joueurs puissent au moins garder le rythme de la compétition. Aujourd’hui, un sentiment d’inquiétude surgit : « Ce que je crains, c’est que notre niveau passe en dessous des clubs guadeloupéens et guyanais par exemple. Notre envergure, on va la perdre. On pouvait faire des matchs à huit clos pour ne pas empirer les choses. »

Si jamais les compétitions et les entraînements sont de nouveau autorisés par le préfet d’ici le 19 avril, rappelons qu’il faudra toutefois un temps de préparation pour les équipes afin de se remettre à niveau. Et ça, c’est embêtant pour la compétitivité du football martiniquais. Au sein de la Ligue, il se murmure, qu’à la reprise, certaines journées de championnats vont sûrement se dérouler en semaine, en plus des rencontres du week-end. Les footballeurs amateurs auraient ainsi un calendrier digne de joueurs professionnels. Un moyen opportun pour redynamiser peut-être la pratique en Martinique, aujourd’hui dans l’ombre du football guadeloupéen qui a déjà entamé la coupe VYV et la deuxième phase de son championnat.