L’un des plus grands attaquants de l’histoire du football martiniquais, Rodolphe Rano aura droit à un jubilé le 12 novembre prochain au stade de Petit-Bourg de 13h à17h30. Avant cet événement, il s’est livré à notre micro.

Interview de Rodolphe Rano, l’une des légendes du football martiniquais :

Tu es considéré comme l’un des meilleurs attaquants que le football martiniquais ait connu. Que penses-tu de cette distinction ?

“Ça fait réellement plaisir. Ça fait quand même un petit moment que je ne suis plus sur la scène. Mais, ce que je constate c’est qu’avec le jubilé qui va bientôt se passer, je reçois beaucoup d’appels. Et, c’est vrai que j’ai reçu quelques messages Facebook qui me rappellent un peu le temps où j’étais sur le terrain. C’est vrai que j’ai marqué quelques buts et ça fait réellement plaisir.”

Tu as même failli être un joueur pro durant ta carrière parce que tu as fait des essais au RC Lens… Aujourd’hui, comment perçois-tu cet épisode de ta vie ?

“C’est vrai que ça aurait pu se faire. Être joueur professionnel, c’est le rêve de tout footballeur. Mais, je n’ai pas été épargné malheureusement par les blessures. Pour le RC Lens, j’avais un problème de pubalgie. Ensuite, pour Strasbourg et Guingamp, puisque je devais également aller à Strasbourg et à Guingamp, je m’étais fait opérer du genou. Donc, malheureusement, ça ne s’est pas fait. C’est vrai qu’il y a un petit pincement au cœur, quand même, quand on voit qu’on est si près du but. Mais, c’est un épisode qui est passé. Ça ne s’est pas fait. J’ai fait autre chose et je me sens bien dans ma vie en ce moment.”

Ne pas être pro à cause de problèmes musculaires et physiques c’est quand même frustrant…

“C’est sûr que c’est frustrant. Quand j’ai fait mon essai au RC Lens avec Mickaël Marthe, je m’en rappelle très bien, j’avais déjà mon contrat d’aspirant. On avait déjà préparé le contrat. Et, malheureusement, il y a eu cette pubalgie. Il a fallu rentrer en Martinique et se faire opérer. Après, il y a eu l’épisode de Strasbourg et Guingamp aussi. De nouveau, opération au niveau du genou. C’est clair que c’est frustrant surtout quand on voit qu’on gagne bien sa vie en faisant ce qu’on aime : le football. Donc, c’est frustrant mais c’est passé. Je me sens bien dans ma vie. Je suis resté en Martinique et j’ai fait autre chose. Et, c’est très bien.”

Un contrat aspirant, ça correspondait à quoi financièrement ?

“Dans le temps, on parle de 1994/1995 – 1995/1996, un contrat aspirant c’était 3 500 – 4 000 euros au départ et c’est quand même non négligeable. Moi, j’avais 22-23 ans à cette époque. C’était un âge assez avancé pour pouvoir rentrer en tant que pro. Mais, ils avaient constaté que j’avais de bons résultats au niveau du football. Donc, c’est ainsi qu’ils m’avaient contacté. Maintenant, ça ne s’est pas fait.”

Après ces échecs dans ces différents clubs, quel était ton état d’esprit à ton retour en Martinique ?

“J’ai continué à jouer au foot. C’était une péripétie de la vie et il fallait bien l’accepter. J’ai continué au Club Franciscain puis au New-Club et j’ai fait ce que j’aimais. Ce n’était pas mon métier. C’était mon loisir à ce moment. Mais j’ai quand même continué à faire ce que j’aimais : le football.”

En tout cas en Martinique, on retiendra que tu as été un grand footballeur. Mais, par rapport à aujourd’hui, comment était le football martiniquais ?

“Moi, je dis souvent que, nous, à notre époque on avait le football dans le sang. On aimait le football à notre manière. C’est vrai qu’on faisait beaucoup de sacrifices et il y avait les résultats derrière. C’est vrai qu’il y avait beaucoup plus de pratiquants au niveau du football dans les années 1990-1993, etc… Il y avait des footballeurs à tire-larigot au niveau de la Martinique. Dans chaque quartier, on savait qu’il y avait 2-3 personnes qui étaient très fortes au football. Maintenant, il y a beaucoup plus de sports et beaucoup plus d’activités. Mais quand même, il y a de très bons footballeurs en ce moment.”

Rodolphe Rano, c’est le Club Franciscain et le New-Club. Quel regard as-tu sur ces deux équipes aujourd’hui ?

“À la fin de ma carrière, j’ai fait un break d’au moins 10 ans au niveau du football et je suis revenu au niveau du New-Club. Je suis au comité. Je suis trésorier adjoint et ça fait quand même 4 ans que je suis là. Je ne suis pas toujours les matchs. C’est vrai que quand on joue à domicile, je suis présent. À l’extérieur, je ne vais pas trop aux matchs.

Après mon départ du Club Franciscain, ils ont vraiment beaucoup dominé le football. Ils ont vraiment réussi à avoir beaucoup de titres. Au niveau du New-Club, on a un petit peu galéré. Là, on retrouve les lettres de noblesse du New-Club. On est montés en Régional 1. Là, on a quand même une équipe avec un staff intéressant. Donc, on espère pouvoir rester dans l’élite du football martiniquais. On a de jeunes joueurs qui sont en devenir. Donc, je suis de loin. Mais quand même, lorsque je vois un match, je vois qu’il y a du potentiel au niveau des équipes en Martinique, ça c’est clair.”

Le samedi 12 novembre, tu auras droit à ton jubilé au stade de Petit-Bourg. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

“Ce jubilé a germé dans la tête du président du New-Club, Max Perro. Il m’a dit :’Rodolphe, il faut qu’on fasse un jubilé’. Je lui ai répondu que ce n’était pas un problème pour moi. J’ai joué au foot. J’ai eu d’énormes satisfactions au niveau du football… Et, il a décidé, avec un comité d’organisation, de faire le jubilé. Donc, c’est sûr qu’il y aura du potentiel à Petit-Bourg, le 12 novembre. Il y aura la sélection de Martinique de l’époque ; les anciens de la fin des années 1990 début 2000 ; le Club Franciscain de l’époque ; le New-Club de Petit-Bourg de l’époque avec des joueurs comme Philibert Carole ou Fred Saint-Omer, etc… Mais, ce que moi je veux pour ce jubilé c’est permettre au public de redécouvrir ces joueurs-là, ceux qui évoluaient à la fin des années 1990 – début 2000 et qui ont vraiment marqué le football martiniquais. J’espère que ça sera la fête du football à ce moment-là. Pour moi, c’est ça le jubilé.”

Tu auras un petit pincement au cœur quand même…

“On ne maîtrise pas forcément les émotions, ça c’est clair. Mais, en tout cas, revoir tous ceux avec qui j’ai joué ou bien les adversaires… C’est vrai qu’en ce temps-là, quand on rencontrait l’US Robert, le RC Rivière-Pilote ou le Club Colonial, c’est sûr que c’étaient des matchs âprement disputés. Quand on savait qu’on allait rencontrer l’US Robert et qu’il y avait en défense Giany François-Eugène ou Mesnil Boungo et Gilbert Coco au but… Moi qui suis attaquant, je savais que l’après-midi, j’allais passer un sale quart d’heure. Mais après, on s’est tous retrouvés amis que ce soit au niveau de l’Aiglon, avec Patrick Cadol ou Olivier Laumas… Des personnes qui ont marqué le foot martiniquais dans ces années-là.”

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