Cet ancien joueur de National d’origine antillaise, Jefferson Roch veut donner l’opportunité aux jeunes de la Martinique et de la Guadeloupe de progresser, grâce à son académie.

Interview Jefferson Roch :

Tu as créé une académie de coaching spécialisée dans le football en 2017, dans la région parisienne. Quels sont les points forts et les points faibles de ton école de foot ?

“Les points forts sont l’accompagnement. L’académie a été créé dans le but d’aider les jeunes joueurs. Nous sommes en collaboration avec les clubs des jeunes que nous avons. Beaucoup viennent de clubs parisiens pour progresser. J’arrive aussi à faire un accompagnement scolaire, en collaboration avec les écoles. Chaque trimestre, je me déplace dans les écoles pour faire le point sur les résultats scolaires de mes joueurs. Il y a donc un accompagnement sportif et éducatif puisque sans celui-ci, il n’y a pas de sportifs.

Au niveau des points faibles, franchement je n’en vois pas pour l’instant. Il y a toujours des choses à améliorer. A travers ma petite carrière, j’essaye de transmettre ce que j’ai vécu. J’essaye de préparer au mieux mes jeunes joueurs à entrer dans des écoles de football, dans les centres de préformation et dans les centres de formation. J’arrive à faire des passerelles entre mes joueurs qui sont dans des clubs parisiens et les clubs professionnels pour qu’ils puissent intégrer les structures professionnalisantes très rapidement.”

Avec Vincent Thill (Metz)

Quels sont ces clubs ?

“Je suis en relation avec beaucoup de clubs professionnels français et quelques clubs étrangers. Après, je ne suis pas forcément là pour les citer, mais il y a des garçons de mon académie qui viennent de l’Olympique lyonnais. Certains viennent pendant les vacances pour garder la forme et se perfectionner. Il y a des garçons qui sont en centre de préformation ou de formation qui viennent du Paris FC, du Paris Saint-Germain, de Bordeaux, vraiment de partout…

A droite, le formateur Henry Stambouli

Comment s’organisent les journées ?

“Il y a des joueurs qui proviennent de clubs. Donc, ils viennent pour des coachings collectifs ou personnalisés. Les jeunes ne s’entraînent pas tous les jours puisqu’ils s’entraînent déjà dans leur club. Ils viendront ainsi le dimanche pour certains ou le lundi pour un entraînement spécifique. Cela dépend de l’enfant et de son âge. Par exemple, pour des U8, U9 et U10 ça sera le mercredi et le vendredi soir. Sur des U12, U13 et U14 ça sera peut-être le mardi et le dimanche car eux, ils s’entraînent déjà trois fois par semaine dans leur club. Après pendant les vacances scolaires, ils sont en stage toute la semaine avec moi pendant trois heures intensives, tous les jours, avec les oppositions le Week-end.”

Tu as des origines antillaises. Ton père est Guadeloupéen et ta mère est martiniquaise. Comment comptes-tu promouvoir le football antillais et plus précisément celui de la Martinique ?

“J’ai toujours eu le rêve de donner la chance à de jeunes joueurs antillais qui n’ont pas la possibilité de venir en France pour percer et réaliser leur rêve. J’aimerais bien me servir de cette académie pour leur donner cette chance, par exemple lorsqu’ils viennent faire des vacances en France. Pour faire des coachings, mon académie est ouverte à tout le monde tout comme aux jeunes antillais. Une fois qu’ils viendront, on pourra éventuellement les voir pour pouvoir continuer avec eux sur un travail personnalisé ou collectif. Et, pourquoi pas leur donner la chance d’intégrer un club en région parisienne, ou un centre de préformation ou de formation en France. Je pense que cette académie peut donner à beaucoup d’Antillais cette chance. C’est important pour moi. Cela me tient à cœur. Mes parents sont Antillais. J’en suis fier. Donc je veux donner l’opportunité aux jeunes antillais de se montrer en France.”

A doite, Gorges Claire (1er recruteur à avoir découvert Hatem Ben Arfa)

Pourrait-il exister une forme de partenariat entre ton académie et les clubs aux Antilles ? As-tu des contacts avec le monde du football antillais et celui de la Martinique ?

“J’ai des contacts en Guadeloupe car je connais très bien le papa de Thierry Henry. Je lui parle souvent car c’est un ami de la famille. Il me file des contacts avec les clubs Guadeloupéens. Maintenant en Martinique, je n’en ai pas. C’est dommage. Si j’en avais, bien sûr j’aurais fait des relations avec eux pour permettre à des équipes de venir à Paris et de jouer contre des équipes de mon académie afin de se montrer en faisant venir des recruteurs et des superviseurs de clubs. Le but, c’est qu’ils aient des invitations de clubs professionnels en France. Je pense que c’est très important. On doit donner à cette jeunesse antillaise une opportunité. C’est super important pour moi, réellement. Aujourd’hui, grâce à l’académie je peux le faire car j’ai de bonnes relations avec certains clubs professionnels. “

Serait-il possible de pouvoir aider financièrement les clubs au niveau du déplacement pour pouvoir réaliser ce rêve ?

“Il y a énormément de tournois à Paris. Il y a des jeunes qui viennent du Canada et des Etats-Unis… Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas d’équipes antillaises dans ces tournois. Après financièrement, je ne pourrais pas aider pour le moment. Mais je pense qu’il y a l’opportunité d’inviter en France des jeunes martiniquais qui sont très bons. Après, il y a toujours des aides financières et des solutions à trouver.”

Interview de Jefferson Roch (ancien footballeur, niveau N1, N2 et N3).