L’ancien international martiniquais, Maurice Narcisse parle du poste de sélectionneur de la Martinique. D’ailleurs, il voit bien Charles-Edouard Coridon chez les Matinino.
Interview de Maurice Narcisse :
Mario Bocaly n’est plus le sélectionneur de la Martinique (nouveau CTR). Quel serait le profil idéal pour le remplacer ?
“Le profil idéal serait quelqu’un qui a beaucoup d’expérience au niveau du football local et international de la Martinique. Je crois que nous sommes ambitieux au niveau de la sélection. Il faut quelqu’un qui connaisse un minimum notre football, les joueurs et les mentalités. Je le dis haut et fort : je souhaite que le prochain sélectionneur soit de chez nous, compétent et qui saurait mettre son empreinte sur ce que représente la sélection de la Martinique ; afin d’atteindre certains objectifs en développant un beau football. Quelqu’un qui justement pourrait amener l’équipe à être compétitive.”
Quel entraîneur martiniquais aimerais-tu voir occuper le poste ?
“Il y en a plein ! Il y a aussi des entraîneurs martiniquais qui ne sont peut-être pas ici fondamentalement, mais qui sont Martiniquais et qui connaissent le football de la Martinique. Je pense par exemple à Charles-Edouard Coridon et il y en a plein. Je ne vais pas citer plus de noms que ça. Mais, il y a aussi des entraîneurs chez nous qui ont de l’expérience et qui savent entraîner des équipes de bon niveau. Concernant le poste de sélectionneur, il faut beaucoup d’impartialité parce que les joueurs doivent se remettre en question et respecter le maillot. Je ne dis pas que la dernière sélection ne l’a pas respecté. Pas du tout ! Mais la sélection est ambitieuse. Il faut continuer à travailler et à rester compétitif. On peut dire ce qu’on veut mais la sélection depuis quelques années est toujours très bien encadrée. Peut-être qu’on peut rater certains tournois comme la dernière Gold Cup. Cela arrive. Mais c’était un contexte très particulier et je ne remets nullement en cause le travail de Mario Bocaly.”
Christian Malod n’aurait pas le bon profil selon toi ?
“Je n’ai pas dit qu’il n’a pas le bon profil. Je dis simplement que ça aurait été préférable que la sélection soit réservée à un Martiniquais qui connait vraiment le football de la Martinique. Je l’ai déjà affirmé à Samuel Pereau et à la Ligue. Monsieur Malod a fait de belles choses mais nous avons des gens de chez nous, qui connaissent très bien la mentalité. On doit leur donner du temps aussi pour amener la sélection à passer le pallier de la Gold Cup et du haut niveau. Donc, il faut donner du temps et les moyens aux coachs de chez nous. J’ai fait la première Gold Cup de la sélection de la Martinique en 1993. On était partis, on n’avait même pas fait de stage de préparation. On était champions de la Caraïbe mais il n’y avait véritablement aucune préparation pour la compétition.”
As-tu posé ta candidature pour être sélectionneur ?
“Ah non pas du tout ! Je suis depuis quelques années (15 ans) sélectionneur des U17. J’étais avec Gaël Germany avec la dernière sélection U17 à Bradenton. J’ai toujours participé aux tournois Paul Chillan… Donc, non je n’ai pas posé de candidature.”
Le poste de sélectionneur t’intéresserait-il ?
“Non. Pour ne rien te cacher je crois que c’est un poste qui demande de très grandes compétences. Je ne me sens pas à ce niveau. Je suis sincère. C’est vrai que j’ai fait beaucoup de sélections en tant que joueur où on a participé à plusieurs tournois et où on était champions de la Caraïbe. Mais le poste de sélectionneur c’est autre chose.”
Mais, si tu étais sélectionneur, quelle serait ta politique au niveau du jeu et concernant la venue des pros ?
“Vous connaissez le public martiniquais. Il est friand de beau jeu, de joueurs techniques, de joueurs qui mouillent le maillot aussi… Des joueurs qui sont bons déjà dans la manipulation de balle et puis collectivement qui savent montrer de belles choses. Depuis quelques temps, on travaille tactiquement et on progresse dans ce domaine. La sélection présente désormais le visage d’une équipe organisée. Peut-être pas suffisamment pour passer un pallier et avoir le rythme. C’est là que le bât blesse. La sélection n’a pas eu à faire de matchs contre des équipes de haut niveau. Ils sont partis aux Etats-Unis avec un match contre la Guadeloupe et ce n’est pas suffisant. À un moment donné, j’avais proposé l’idée de partir un mois en Europe pour jouer contre des équipes professionnelles. Cela aurait été bien mais ça n’a pas été possible.
Puis, si on doit faire venir des joueurs pros, il faut que ça soit des joueurs qui amènent la sélection de la Martinique vers le haut. À part Frédérique Piquionne ou Steeven Langil, je n’ai pas l’impression d’avoir vu un joueur pro qui a permis à la sélection de vraiment passer un pallier pour arriver au niveau des Etats-Unis ou du Mexique. Les pros doivent non seulement avoir le maillot dans les veines mais aussi apporter des choses visibles sur le terrain et aux jeunes amateurs.
Nous avons été 3 fois champions de la Caraïbe avec des joueurs amateurs. Nous avons joué contre des équipes professionnelles en les battant chez elles : en Jamaïque, à Trinidad. À la Gold Cup 1993, on avait rencontré le Canada et on avait fait 2-2, c’était au Mexique ; alors qu’on n’était même pas préparés. D’ailleurs, pour préparer la coupe de la Caraïbe qu’on avait gagnée en Jamaïque en 1993, nous avions affronté le Partizan Belgrade, l’AS Monaco, Stuttgart, des équipes brésiliennes, Sochaux, Chelsea… On avait fait des matchs amicaux contre des clubs professionnels pour permettre à la sélection de passer un pallier.”