Suite à son éviction du poste d’entraîneur du Golden Lion, Philippe Armède se livre. Il nous fait le récit de son départ du club joséphin.

Réaction de Philippe Armède suite à son éviction :

“Dans la vie, il faut toujours essayer de relativiser. Je ne vais pas en vouloir à un président de faire un choix qu’il pense bon pour son club. Mais je ne peux accepter les raisons énoncées et laisser les gens déblatérer sur mon compte. La raison énoncée par le président lors de notre réunion a été le doute sur le fait que notre association puisse fonctionner dans le temps car il sentait mal les choses dans un avenir proche ; sans réussir à me donner de noms ou d’arguments réels pour justifier ses doutes. Il a donc décidé de mettre fin à notre association.

“Le président était très mécontent”

Lors du match amical contre le Golden Star, à la mi-temps, il est venu sur le banc pour me signifier son désaccord sur la composition de l’équipe car d’après lui celle-ci était déséquilibrée puisqu’il y avait 50% de joueurs alignés qui ne jouaient pas l’an passé et qui n’étaient pas encore prêts. Dès lors, je lui ai rétorqué que pour un premier match, le but pour nous, le staff, était de voir les joueurs que nous ne connaissions pas en faisant travailler physiquement le groupe sur minimum 45 minutes. Mais aussi, nous voulions tester la capacité de quelques cadres à gérer des joueurs plus jeunes et d’autres, pas encore en forme. Le président était très mécontent puisqu’il aurait préféré voir une armada alignée. En seconde période, on joue avec un nouveau 11 mélangé et en plus on gagne le match (4-1) avec une nette domination malgré tout. On avait sûrement omis de me dire que le président avait des qualités et une formation d’entraîneur de football… Ou peut-être ne faudrait-il pas prendre exemple sur des clubs pros qui gèrent de la même manière leur match de début de préparation ?

Le lendemain, il nous envoie un message pour nous convier à une réunion de bilan de début de saison. Réunion où il m’a signifié mon éviction, tout en confortant devant moi mon adjoint et le coach des gardiens. Pourtant, un vrai staff prend des décisions communes sur toute la préparation. Mais apparemment, j’étais le seul qui gênait. Après avoir annoncé mon départ du club aux joueurs, j’ai eu la stupéfaction de m’apercevoir que la grande majorité des joueurs n’était pas au courant de cette décision brusque.

“Les joueurs pensaient que mes séances n’étaient pas préparées”

Au lendemain de la réunion, j’ai appris qu’en fait des joueurs n’étaient pas en phase avec mes choix de systèmes, certains de mes retards aux entraînements et le contenu de mes séances. Ils pensaient que mes séances n’étaient pas préparées et que nous étions peut-être perdus, en comparaison à Christian Malod qui lui venait 1h avant les entraînements pour préparer tous ses exercices. Je pense que les joueurs qui se sont plaints ont oublié le contexte du couvre-feu, et le fait que nous avions tous un emploi à assurer. Mais surtout, personne n’est venu se plaindre en nous alertant de cela tout au long de la préparation. Sauf une fois, juste pour dire qu’il y a eu une séance qui a été trop longue…

Je suis quelqu’un de rigoureux et d’exigeant avec moi-même. Je prépare donc mes séances trois jours avant chaque entraînement. D’ailleurs, on a présenté aux joueurs une programmation annuelle en début de saison. Et quand j’étais en retard, ils étaient toujours en présence du préparateur physique qui débutait la séance en attendant mon arrivée. Donc, je ne comprends pas quand j’entends par l’intermédiaire d’un tiers lambda le lendemain de mon éviction ce genre d’arguments énoncés par de potentiels joueurs.
Et, je reste encore plus surpris que lors de cette réunion de licenciement, on ne m’ait pas demandé de m’exprimer sur tout ça. Sûrement n’était-ce pas fondé ? Ou, peut-être fais-je trop peur ? Je ne sais pas.

“Je n’ai pas passé mes diplômes pour dire amen à tout ce que les joueurs veulent”

La seule raison valable que je puisse accepter, c’est qu’on me dise clairement que les joueurs sont mécontents et qu’ils ont préféré retrouver un coach avec qui ils ont été champions… Je n’ai pas passé mes diplômes pour faire de la garderie ou faire le pantin et dire amen à tout ce que les joueurs veulent et désirent. Je sais qu’ils veulent surtout qu’on les laisse jouer et qu’on les laisse dans un confort. Mais, si on veut chercher et toucher l’excellence, il faut bien à mon sens se dépasser et se perfectionner. J’étais venu pour donner une continuité au jeu de possession et je souhaiterais dire qu’il n’y a pas qu’une seule manière pour l’atteindre. Cela, malheureusement, certains joueurs et le président ne l’ont pas compris et n’ont pas cherché non plus à le comprendre.

C’est malheureux à mon sens qu’on puisse aussi facilement se plier à la rigueur et à la vision étrangère et non à celles du local qu’on a du mal à laisser s’exprimer. Je remercie tout de même les joueurs, parents et dirigeants qui me soutiennent et qui reconnaissent la qualité de mon travail. Je leur souhaite le meilleur à tous.”