L’entraîneur du Golden Lion, Thierry Sardo nous parle du “mauvais” séjour en Guyane et de son dernier match samedi prochain, à l’occasion de la finale de la Coupe de Martinique contre le Club Colonial.

Interview de Thierry Sardo, entraîneur du Golden Lion :

Aujourd’hui, mauvaise nouvelle ! Pas de match pour la 3e place de la Coupe VYV. Quelle réaction ?

“On voulait en profiter pour préparer le match de la finale de Coupe de Martinique, samedi prochain, même si le match de samedi dernier nous est resté en travers de la gorge puisqu’on a complètement déjoué contre cette équipe de Guadeloupe (Gauloise de Basse-Terre). On a été punis logiquement. On avait à cœur de rebondir pour se remettre en confiance pour samedi. On n’est pas vraiment en manque de confiance mais on sait qu’on a raté notre match. On est lucides. Ça nous est arrivé très peu de fois cette saison. Mais, ça nous est arrivé. À nous maintenant de rebondir pour la finale de Coupe de Martinique. Concernant ce match annulé, c’est surtout la façon dont c’est fait. On est prévenus à midi qu’on ne joue plus le soir. Mais, on va s’adapter, on s’est entraînés cet après-midi. Un entraînement pour aller jouer entre nous pour garder un peu de rythme. On s’entraînera mieux en milieu et fin de semaine pour préparer samedi. Mais, c’est vrai que sur une compétition comme ça, où on nous fait venir et où il ne pleut pas depuis ce matin, on aurait pu jouer… Je pense que la décision a été prise un peu hâtivement. C’est un match international ! Même si ce sont deux équipes de ligues françaises, de Guyane et Martinique, c’est toujours intéressant à jouer. Ça amène de l’expérience aux plus jeunes et malheureusement on nous prive de ce match, ce soir. Sur le timing, je suis assez gêné. Mais, de notre côté, on va prendre le point positif, on n’aura pas de mauvaises surprises avec des blessés sur un match comme ça.”

Le séjour en Guyane est assez négatif quand même…

“Je ne dirai pas négatif, il est mauvais, tout simplement. Mauvais, c’est encore pire que négatif pour moi. On n’a pas été au niveau qu’on aurait dû être. On n’a pas fait honneur à nos couleurs. Ça s’est joué à peu de choses. Même en n’étant pas bons samedi, on aurait dû gagner ce match sur les dernières minutes et on ne l’a pas fait. On a été inefficaces sur les deux surfaces puisqu’on leur a concédé quelques occasions et ils ont scoré pratiquement tout le temps. Et, on a été maladroits devant le but : inefficaces dans les deux surfaces, on a été punis. On n’était pas venus pour ça et on repart avec une défaite. La défaite, on peut l’accepter quand on a tout donné et quand on sait qu’on est à notre meilleur niveau… Mais, je ne pense pas qu’on ait été à notre meilleur niveau samedi.”

Il y avait peut-être une crainte, c’était l’excès de confiance… Est-ce que ça s’est ressenti sur ce séjour en Guyane ?

“Je pense un petit peu. Dire qu’on s’est vus trop beaux, non, je n’irai pas jusque-là. Mais, peut-être qu’on a sous-estimé notre adversaire. La Martinique est habituée à battre les équipes guadeloupéennes assez fréquemment et je pense qu’on se voyait déjà en finale avant l’heure. C’est ma faute. Je n’ai pas su mobiliser mon équipe pour ce match-là. J’assume totalement la responsabilité de cet échec.”

Certaines attitudes au sein du groupe ont-elles déplu ?

“Je ne peux pas dire qu’il y a des attitudes qui m’aient déplu. Sur toute la saison, j’ai eu des garçons investis. On est partis à l’extérieur. C’est vrai que les choses se passent différemment mais il n’y a rien eu d’exceptionnel. On s’est entraînés normalement et on a préparé notre match. Malheureusement, ce n’est pas passé. Je n’ai pas à en vouloir aux garçons, ils m’ont ramené un très beau titre, le plus beau qu’on pouvait gagner cette saison : garder notre titre de champions de Martinique. Maintenant, si on peut mettre une ou deux étoiles sur le gâteau pour un peu l’agrémenter, ça aurait été sympathique. Donc, je pensais aux deux finales qu’on aurait pu disputer en Coupe VYV et en Coupe de Martinique. On n’a pas mis la première étoile, mais peut-être qu’on aura une belle étoile au milieu du gâteau, samedi… ou pas. Mais, on a quand même ce titre de champion de Martinique. On n’a pas fait une saison vide. On aurait peut-être dû gagner plus de trophées, c’est sûr. On ne l’a pas fait mais on a été au bout de tout. C’est peut-être ce qui nous coûte, de ne pas en avoir gagné plus. On va finir la saison avec 46-47 matchs et c’est énorme. Cette année, l’OM en a joué 48. Donc c’est presque pareil mais pas avec le même niveau de récupération, d’infrastructures, de moyens humains et matériels pour pouvoir faire des saisons comme ça. On voit que les pros tirent la langue et nous on l’a fait. On a été au bout de tout même si on n’a pas tout gagné. C’est quand même une fierté même si quand on fait des compétitions il faut gagner.”

Thierry Sardo ne sera plus l’entraîneur du Golden Lion la saison prochaine. ll y a de la déception quand même…

“Il y a beaucoup de déception. Je devais venir pour plusieurs saisons, au moins sur deux. C’est comme ça, il faut rebondir. Comme je disais, c’est mon métier. Je vais être pro jusqu’à samedi. Après, on verra où le vent m’amènera. C’est vrai que c’est une très grosse déception surtout que ça s’est très bien passé. Je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants de mon départ. Il y aura toujours une raison qui sera avancée. C’est comme ça, c’est le football. Je garde ma rancune et mon amertume pour moi. Même si c’est difficile, j’essaie de ne pas en faire profiter mes joueurs. Je vais être pro jusqu’à samedi et essayer d’emmener tout le monde vers la victoire. Après, on se quittera mais il faut qu’on se quitte dans la joie samedi soir. Il n’y aura pas d’animosité même si je devais rester en Martinique et je le répète : c’est mon souhait. Même si je ne trouve pas de clubs, je pense que je ne bougerai pas. J’étais venu pour m’investir un peu plus. On ne m’en donne pas la possibilité. Peut-être que je rebondirai ailleurs même si c’est plus bas, ce n’est pas grave. Du moment qu’il y a un projet où on peut structurer quelque chose d’intéressant, moi ça m’ira très bien.”

Donc après samedi, vous rechercherez un club ?

“Je le suis déjà ! Je vois que ça ne bouge pas trop du côté de la Martinique, tant pis. On verra où ça va m’amener. Des possibilités de toute façon il n’y en a pas 40. Un retour en métropole ? J’ai quelques touches peut-être en National 3. Mais, ce n’est vraiment pas l’envie que j’ai. Ce qui m’intéresse maintenant, c’est de rebondir. L’année dernière, je suis venu avec ma femme, ma fille et nos affaires. Moi, je n’ai pas les moyens de repartir tous les ans et faire des allers-retours. C’est ça qui est le plus difficile. Si j’avais été célibataire, j’aurais fait comme d’autres, je prends l’avion et je rentre chez moi. J’ai une famille et chez moi, l’humain est à prendre en compte. Et, je pense que là, il n’a pas été trop respecté. C’est la fin d’une aventure et j’espère qu’il y en aura d’autres aussi intéressantes.”

En tout cas, peut-être que la fin de l’aventure sera conclue de la plus belle des manières en gagnant la coupe de Martinique. Après cette semaine selon vos dires, mauvaise en Guyane, le Golden Lion est-il toujours le grand favori de cette finale ?

“On avait eu une mauvaise semaine aussi lorsqu’on avait pris 4 buts face au Club Franciscain où tout le monde ne nous voyait plus. On n’était plus champions, on n’était plus rien et on était bons à jeter, moi le premier et mes joueurs aussi. Mais, on a su rebondir. Pourquoi pas le faire de nouveau. Par contre, en face il y a une très belle équipe du Club Colonial. Je le dis depuis le début de saison. Ils nous ont gênés en championnat même si on les a battus récemment. Mais, c’est quand même une équipe bien coachée avec un entraîneur qui sait où il va. Je ne connais que très peu Jean-Marc Civault mais je sais que c’est quelqu’un de bien. Ça se voit qu’il est compétent et on voit qu’il sait mener sa barque. On m’a dit que c’était une équipe vachement remaniée depuis le début de saison et il a réussi à titiller le titre jusqu’à deux ou trois journées de la fin. Il est en finale de coupe de Martinique et ça veut dire qu’il a fait un super travail avec de jeunes joueurs. Pour moi, le Club Colonial est une équipe bien en place et il faudra vraiment s’en méfier. Je pense qu’ils ont faim car ils n’ont rien gagné depuis quelques saisons. Ils sont toujours bien placés mais pas gagnants. À nous d’être vigilants, sérieux et de les respecter comme eux ils vont nous respecter. Comme je dis souvent à mes joueurs, quand vous rentrez sur le terrain et que vous ressortez en ayant perdu contre meilleurs que vous, vous pouvez vous regarder devant une glace. S’il y a quelque chose que vous sentez que vous n’avez pas fait, il y aura toujours des regrets. À nous de ne pas avoir de regrets. Si on doit perdre, on perd contre plus fort. Si on est à notre niveau, on se doit de gagner.”

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