Jean-Patrick Richelot, le recruteur antillais de l’AC Ajaccio, nous décrit son quotidien dans le milieu du ballon rond. Promouvoir le football antillais est l’un de ses objectifs.

Qui est Jean-Patrick Richelot ?

Je m’appelle Jean-Patrick Richelot, je suis né en 1965 à Paris, d’une mère Martiniquaise et d’un père Guadeloupéen. J’ai joué au football durant 5 ans au Paris SG (1982-1987) et au SM Caen (1987-1989). Après des problèmes récurrents au genou, je suis déclaré inapte pour la pratique du sport de haut niveau. Désormais, je suis titulaire d’un Brevet d’Entraineur de Football (B.E.F). Je débute ma carrière d’éducateur sportif au CS Cellois et très vite je bascule sur des clubs beaucoup plus importants : Versailles (18 DH), Brétigny (Educateur en 17 ans Nationaux et 19 ans Nationaux), Viry-Châtillon (14 Nationaux), CFFP (17 ans Nationaux), Fleury-Merogis (19 DH) et Antony (19 DSR). Mais à ce jour, je suis le Directeur Technique au CS Cellois.

Parallèlement à cela, je travaille depuis 20 ans dans les cellules de Recrutement des clubs professionnels suivants : Stade Rennais – FC Valenciennes – AC Ajaccio. D’ailleurs, cela fait 7 ans maintenant que je suis le recruteur responsable Paris IDF du club Corse.

Sa semaine de travail au quotidien 

Le lundi : j’organise une visioconférence avec mes scouts sur les matchs observés du Week-end. Le Samedi est voué aux matchs des U14 et U15 et le dimanche aux U16, U17 Nationaux, U18 et U19 Nationaux sur la région parisienne. A l’issue de cette réunion téléphonique, si mes scouts ont remarqué des joueurs correspondant aux profils demandés par l’AC Ajaccio, le week-end suivant je me déplace pour voir le joueur en question. Généralement, un joueur est observé deux ou trois fois avant validation.

Le mardi : je suis en liaison téléphonique avec le responsable du recrutement de l’AC Ajaccio et nous échangeons sur le déroulé du dernier week-end.

Le mercredi : je travaille principalement sur les matchs à observer le week-end suivant, en tenant compte des classements des équipes dans leur championnat, des retours des agents, des conseillers sportifs, des éducateurs, des connaissances des joueurs. Je suis aussi en contact avec les éducateurs de clubs des joueurs que nous suivons, pour savoir comment ils se comportent au quotidien, car seuls les éducateurs connaissent au mieux leurs joueurs.

Le jeudi : je donne la répartition des matchs à observer à mes scouts et je valide le vendredi pour les matchs du samedi, et le samedi pour les matchs du dimanche. Tout match que l’AC Ajaccio me donne au dernier moment à superviser est observé par moi-même.

Le vendredi : j’observe les joueurs des matchs de ligue 2 dans un rayon de 150 Km autour de mon domicile.

Son lien avec les Antilles

Effectivement, j’ai un lien affectif et très fort avec la Guadeloupe et la Martinique. À Ajaccio, je suis également le recruteur responsable des Antilles dans la cellule de recrutement. C’est ainsi, que j’ai pu constituer un réseau qui observe les championnats martiniquais et guadeloupéens les week-ends et qui me relaye les informations.

Voici une liste de joueurs des Antilles que j’ai entrainés ou recrutés en m’excusant pour ceux que j’aurais oublié.

Martinique : Jean-Sylvain Babin, Ludovic Constance, Kevin Olimpa, Sylvain Monsoreau, Wilfried Louisy-Daniel, Jean-Marc Oroque, Joshua Mondélice, Jérémy Corinus

Guadeloupe : Bruno Sambo, Jorris Romil, Jimmy Briand, Matthieu Bemba, Cédric Collet, Yvan Maçon

Promouvoir le football antillais !

L’objectif est de promouvoir le football antillais, car nous avons des joueurs de qualité auxquels il faut donner une visibilité. Nos joueurs n’ont rien à envier aux footballeurs de la métropole, tant sur l’aspect technique, physique et mental. La différence se fait sur le domaine tactique. J’ai un exemple concret à vous donner, le jeune Levy Sinnan a un potentiel énorme, il va vite, très bon techniquement et il assimile très bien l’aspect tactique. Pour le moment certains clubs professionnels français considèrent qu’il est trop petit. Personnellement, je pense qu’il est prêt à intégrer un centre de formation.

Dans l’absolu, j’aimerais faire des détections et mettre en place un partenariat entre les clubs aux Antilles et l’AC Ajaccio. Mais, c’est compliqué car il faudrait que les éducateurs sur place soient vraiment « bétons ». C’est-à-dire formés et que je puisse leur faire confiance, les yeux fermés. Mais, je suis pour la création d’une passerelle entre les clubs antillais et les centres de formation de clubs professionnels, pour promouvoir le football martiniquais et guadeloupéen.

Le profil recherché chez un joueur…

Je regarde en priorité chez un joueur son intelligence du jeu, c’est-à-dire, comment il se déplace, ses choix, sa technique, son sens tactique, sa vitesse, son agressivité et son mental. Il est clair que d’un club à un autre, les critères changent. Certains aiment les joueurs grands et costauds, d’autres les joueurs plus petits et plus fins techniquement. Personnellement, je regarde plus le côté « footballeur » chez un joueur.

Son point de départ

Je suis rentré dans la cellule de recrutement du Stade Rennais par hasard, car à l’époque j’entraînais les U19 Nationaux du C.S. Brétigny et nous étions en partenariat avec le Stade Rennais. Nous les avions éliminés en Gambardella aux pénaltys (Marveaux tirant sur la barre). Leur équipe était composée de Kembo, Doucouré, M’Bia, Danzé  et d’autres qui ont eu une carrière professionnelle. Je me souviens que Patrick Rampillon, directeur du centre de formation à l’époque, avait passé une grosse soufflante aux joueurs Rennais après l’élimination. Mais celui-ci avait terriblement apprécié le jeu affiché par mon équipe, et m’a demandé mon numéro de portable. Quelques semaines plus tard, Patrick Jaunot, responsable Paris IDF du Stade Rennais m’invitait à déjeuner pour valider le fait que je devienne recruteur pour le meilleur centre de formation de France de l’époque. J’ai rencontré des personnes formidables qui m’ont appris les ficelles du métier, Patrick Jaunot, Marc Luciate, Reda Hamiche à ce jour directeur sportif de Nîmes, Khaled, Franck Alexis, Laurent Valéry et Konaté Mory.

Je me souviens en particulier, des joueurs Hunou Adrien, Jeff Reine-Adélaïde et Kylian M’Bappé car à leur âge, ils étaient déjà au-dessus du lot. Avec Mory Konaté, nous avions emmené Kylian au centre d’entrainement de la Piverdière pour une détection, il était plus jeune de deux ans par rapport aux autres joueurs. Au bout de 15 minutes, il a mis tout le monde d’accord. Mais au final, il a signé à l’AS Monaco. (pour des raisons qui resteront confidentielles)

… entre clubs amateurs et professionnels

Sur les clubs où j’ai entraîné en Ile de France, seuls FC Versailles (Sochaux), CS Brétigny (Rennes et Auxerre), Antony Sport (Paris SG) et CS Cellois (AC Ajaccio), ont un partenariat avec des clubs professionnels. J’organise chaque saison, trois détections pour le compte de l’AC Ajaccio sur le complexe sportif du CS Cellois, durant les vacances de la Toussaint, de Février et de Pâques.

A ce jour, mon rôle au sein du CS Cellois est de gérer tout l’aspect technique du club, la planification annuelle des entraînements, le bon déroulé des entraînements, le relationnel avec les éducateurs, les rapports téléphoniques avec la Ligue de Paris et du District des Yvelines, programmer les réunions avec la Mairie,  les réunions techniques, les réunions avec les parents des joueurs en début de saison, les réunions avec le Centre Social de la Ville, les réunions avec les lycées de la commune, gérer la participation des éducateurs aux diplômes fédéraux, développer une section féminine, travailler sur l’ouverture d’une section sportive, établir les salaires des éducateurs et des arbitres bénévoles en fin de mois.

J’ai tant de choses à faire, à développer dans ce rôle au sein du club, que je ne compte pas mes heures.